
Week-end pascal chez les Belges
Pour un Suisse, passer Pâques en Belgique c’est un peu comme si un Turc emmenait sa famille manger dans un resto grec. Désormais activement recherché par les autorités de mon pays, voici un petit compte rendu de ma cavale de trois jours et demi chez le deuxième meilleur producteur de chocolat au monde; le meilleur en ce qui concerne la bière.
Bières
Brasserie Cantillon – Bruxelles
Après un rapide pit stop chez Lowy pour arroser ma panse d’un café-croissant, la première étape de mon périple belge m’emmenait à l’orée du quartier bruxellois d’Anderlecht pour visiter la Brasserie Cantillon.
Ce qui fait la renommée de cette brasserie familiale, c’est son goût marqué pour les traditions. En effet, les méthodes de brassage de ses breuvages phares que sont la Gueuze, la Kriek et le Faro n’ont pas changé depuis 1900.
Un élément clé, le lambic, sert de base à la production de ces trois types de bières. A la Brasserie Cantillon, le lambic fermente naturellement, sans ajout «artificiel» de levure dans le moût. En d’autres termes, seules des levures dites «sauvages» viennent féconder le moût. Une méthodologie ancestrale aujourd’hui presque unique au monde puisque la majeure partie des brasseries préfèrent optimiser et contrôler leur production en industrialisant le processus de fermentation. La légende raconte que ce procédé n’est possible que dans la vallée de la Senne (rivière traversant Bruxelles).
La Brasserie Cantillon produit 1700 hectolitres de bière par année. Soit une goûte dans l’océan houblonné belge qu’on chiffre à plus de 18 millions d’hectolitres sur douze mois. D’après la brochure distribuée, la demande pour leurs bières dépasse largement ce que leur brasserie pourrait produire. Néanmoins, un agrandissement est, disent-ils, totalement exclu car celui-ci entrerait en conflit direct avec leur souhait de maintenir ce savoir-faire unique.
Si je salue ces bonnes intentions, à la dégustation l’engouement redescend. Trop acide à mon goût (ça varie selon l’âge des lambics), c’est difficilement que j’arriverai au bout de mon lambic pur. La Gueuze, qui est en fait un mélange de lambics jeunes et moins jeunes (1 à 3 ans) ensuite champagnisés en bouteille, passe mieux, sans pour autant m’enchanter. «Rendez-moi ma Guinness, ma John Smith ou ma Leffe Vieille Cuvée, entendais-je dans ma tête. Chacun sa binche…
Brasserie De Halve Maan – Bruges
A Bruges – là où j’ai passé le second jour de mon épopée belge avant de revenir sur Bruxelles – j’en ai profité pour visiter une seconde brasserie. Seul et unique lieu de brassage du centre-ville de Bruges, la Brasserie De Halve Maan, datant du Moyen-Âge et reprise au 1856 par la célèbre famille Maes, produit l’une des meilleures bières que j’ai pu goûter jusqu’à présent; la Brugse Zot.
Dans sa version blonde, on retrouve les caractéristiques typiques des bières à haute fermentation. Très aromatisée (quatre sortes de malts et deux types d’houblons sont utilisés), son aspect pétillant dû à une étape de refermentation en bouteille qui semble donner vie au breuvage doré, est la chose qu’on remarque en premier. Si je n’ai hélas pas goûté aux versions brune et bok, je ne doute pas qu’elles soient également fantastiques. La preuve, cette année la brune a remporté la médaille d’or aux International Brewing Awards dans la catégorie Strong Dark Beer.
L’autre bière de la brasserie, la Staffe Hendrik, dont les droits ont été récupérés en 2008, a aussi été récompensée.
Chocolats
Mais la Belgique ce n’est pas que la bière. Je m’en contenterais, cela dit. Facile je suis, c’est vrai. Non, la Belgique c’est aussi les moules, les carbonnades, les pistolets, les stoemps, les gaufres… mais surtout le chocolat. Et puisque le «hasard» a fait que je m’y trouve en plein week-end de Pâques, autant vous dire que les vitrines des chocolatiers s’étaient mises sur leur 31, comme ici à Bruges chez Moeder Babelutte.
Si j’ai trouvé Wittamer (fournisseur de la Cour), Neuhaus (inventeur des pralines) et Godiva un peu cheap et classique, c’est surtout la créativité de Pierre Marcolini qui m’a enchanté.
Outre ces poupées de Pâques d’une originalité que je jalouse, de succulents macarons se pavanaient allègrement derrière les vitres bien astiquées. Mais en plus de ces macarons, mon âme de voyageur s’est également laissée aguicher par une boîte de chocolat au doux nom, putassier et suggestif, de «Saveurs du monde». Monsieur Marcolini! Pierre… Si vous me lisez entre deux pralinés, jouer sur les sentiments c’est pas très fair-play. 13,80€ plus léger et avec le sentiment de m’être fait avoir comme cette grand-mère qui achète un matelas magique pour soulager ses lombaires, j’ai tout de même l’impression d’avoir fait l’acquisition d’un produit de qualité. Il faut dire qu’au niveau de la communication, Pierre Marcolini assure. En effet, ses créations sont toutes accompagnées de leur pédigrée détaillant provenance, teneur en cacao et d’autres trucs que je ne comprends pas (je suis plutôt candidat à la cirrhose qu’à la crise de foie). Bref, il vend son chocolat comme on vend des grands crus.
Et beaucoup de marche…
Lorsque je voyage, j’essaye d’utiliser un minimum les transports motorisés, qu’ils soient en commun ou privés. Selon moi, c’est à pied, voire à velo en dehors des villes, qu’on découvre le mieux un endroit. Durant ces trois jours et demi passés à Bruxelles et à Bruges, j’ai, selon le podomètre de mon iPhone, parcouru 45,7 kilomètres. En fait, j’ai uniquement pris le train pour me rendre à Bruges, puis revenir sur Bruxelles, ainsi que pour faire le lien entre l’aéroport et le centre de la capitale belge.
Voici un florilège des endroits que j’ai pu découvrir ce week-end; et non, je ne suis pas allé voir ce foutu Atomium, ni même la Mini-Europe! 30 minutes de métro aller puis 30 minutes de métro retour pour voir des sphères en inox. Très peu pour moi. Si tu comptes visiter Londres, je te recommande la même intransigeance avec le London Eye.
Bruxelles
En ce qui concerne Bruxelles, mon opinion est mitigée. La Grand-Place est d’une beauté architecturale qu’il est difficile d’égaler. Peut-être que Florence peut rivaliser, à voir.
Pour un peu de quiétude, le parc du Cinquantenaire ainsi que le parc Léopold sont idéals. La zone du Sablon, les Galeries royales Saint-Hubert, le Centre Belge de la Bande Dessinée (en somme le Musée de la BD) ainsi que les abords du bâtiment du Parlement européen font aussi partie des endroits que je recommanderais pour un week-end à Bruxelles.
Maintenant, en ce qui concerne le centre historique, l’overdose de commerces orientés touristes ont presque offert un bain de vomi à mes amygdales. Des frites, des gaufres, des moules, du chocolat, de la bière, partout. PARTOUT! C’est dommage car les rues pavées gardées de chaque côté par des maisons anciennes sont plutôt charmantes. Heureusement que les Belges ont inventé Exki – je prie pour l’ouverture d’une franchise en Suisse, d’ailleurs. Je tiens quand même à préciser que j’adore ces denrées remplies d’acides gras saturés, mais tout de même, ce surplus nuit gravement à l’aspect authentique du centre historique.
Bruges
Bruges par contre, m’a totalement charmé. Connaissant Amsterdam et Stockholm, Bruges est la ville qui, selon moi, mérite réellement le surnom de «Venise du nord». En effet, ses canaux ornés d’habitations aux façades de style gothique et ses multiples ponts en briques confèrent à Bruges une atmosphère spéciale que je n’ai pas retrouvé dans les deux villes précédemment citées.
Si la Grand-Place de Bruges n’est pas aussi impressionnante et grandiose que celle de Bruxelles, c’est ailleurs, dans ses petites ruelles, par exemple, que Bruges conquière les cœurs de ses visiteurs.
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