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6 façons de rendre fou le Londonien moyen

On dit des Britanniques qu’ils sont impassibles et mesurés. Mais titillés au bon endroit, ceux-ci, en particulier les Londoniens et les habitants des autres métropoles anglaises, peuvent rapidement perdre leur flegme légendaire. Keep Calm and Carry On, disent-ils… Mais bien sûr.

Après presque un an passé à explorer les méandres de la belle Londres, je crois que je me suis moi-même imprégné d’une partie de l’identité de ses habitants. En effet, régulièrement, dans ma Suisse natale, je me surprends à comparer une situation venant d’être vécue avec ce qui en aurait découlé si celle-ci avait eu lieu à Londres avec des Londoniens. Et du coup, j’en perds moi aussi mon flegme, tel un Londonien abandonné au milieu de touristes suisses. Donc si un jour tu as la chance (et je pèse mes mots) de me croiser, évite les six comportements qui vont suivre. Thank you.

Marcher à un rythme décousu

A Londres, marcher est un art à part entière. Si tu ne fais pas l’effort de suivre le rythme soutenu imposé par les locaux, ceux-ci te feront très vite les gros yeux. Tu veux t’arrêter devant Selfridges pour reluquer l’une de leurs vitrines? Prends garde à toi, hérétique. Tu casses le rythme… C’est comme si tu décidais de te parquer au milieu de l’autoroute. Leurs yeux t’interpellent comme des appels de phares et leurs bouches marmonnantes font offices de klaxons… mais que diable fais-tu encore là? Allez, bouge! Et ne peux-tu pas aller un peu plus vite? En plus, on ne peut même pas te dépasser puisque t’occupes toute la largeur du trottoir avec tes quinze sacs Harrods. Et voilà que maintenant qu’on a la place pour te reléguer en queue de peloton, tu te mets à zigzager n’importe comment et à enfreindre toutes les règles du manuel du parfait piéton en milieu urbain.

A ce moment-là, le Londonien moyen fantasme de te jeter sous le prochain Routemaster passant par-là. Il est d’ailleurs désormais très probable qu’il te bouscule pour passer et t’ajoute à sa liste des fucking tourists, voire celle des fucking assholes. Il y a deux écoles. Et c’est franchement mérité; retourne à la campagne, péquenaud.

La gène, appelée sidewalk rage, est telle qu’en 2010, le Wall Street Journal relatait le souhait d’un groupe de 600 chefs d’entreprise de séparer les trottoirs d’Oxford Street en deux voies : une voie lente pour les shoppers, et une voie rapide pour ceux qui ne font que passer par là.

Ne pas respecter la file d’attente

Il semblerait que les Britanniques apprennent à faire la queue avant même d’apprendre à faire du vélo ou à nager, tant ils maîtrisent cet exercice avec perfection. Je pense même qu’un enfant de bonne famille anglaise, un pur sang nourri par des biberons de Newcastle Brown Ale, maîtrise déjà l’art d’attendre patiemment son tour avant même de marcher. Attendre à la file indienne à quatre pattes, ça a de l’allure je trouve.
Pour l’œil non affûté, un arrêt de bus en heure de pointe à Londres peut paraitre comme un entassement de corps n’obéissant à aucune cohérence. Du coup, tu te dis qu’il sera simple de passer devant tout le monde au moment où le bus 13 pour Trafalgar Square pointera le bout de son pare-brise à l’angle de Orchard Street. Si simple qu’en fait, tu ne te poses même pas de questions. Mais sans que tu n’aies le temps de réagir, les corps attendant en standby depuis sept minutes plongeront comme d’un seul homme sur les portes du bus, dans un ordre quasi parfait déterminé par l’heure d’arrivée à l’arrêt de bus. Une sorte de sixième sens qui, selon mes dernières études, se développerait chez le Londonien vers le septième mois de sa première année de vie entre deux épisodes de Downtown Abbey. Impressionnant n’est-ce pas? Et si par chance tu réussis à te frayer un passage vers la tête de la file, les regards noirs que te jetteront les autres passagers te laisseront penser que l’un d’eux t’a peut-être jeté un sort. Regarde Jack l’Eventreur, lui aussi faisait la peau à celles qui sautaient des queues. CQFD.

Appuyer sur le bouton «open» des portes du métro

Si ce troisième point n’est sans aucun doute pas le plus agaçant, il est sans conteste le plus comique à observer pour un local. En effet, celui-ci concerne les boutons «open» qu’arborent les portes des rames de métro de certaines lignes. Désactivés depuis les années 90, ces boutons restent néanmoins bel et bien visibles. Une aubaine pour les Londoniens qui ne manquent pas de se moquer des Tubies, des gens qui découvrent le métro londonien, lorsque ceux-ci s’acharnent sur ces boutons zombies. Intérieurement, bien sûr, avec un petit regard hautain, histoire de ne pas abandonner l’intégralité de leur flegme.

Rester planté du côté gauche de l’escalator

Les Anglais conduisent du côté gauche de la route avec un volant placé du côté droit de l’habitacle. Alors pourquoi s’arrêter là? Dans les escalators, et plus particulièrement dans les tunnels du Tube, les lents, les papys qui se laissent monter et descendre à la seule force mécanique de ces escaliers robotiques sont censés occuper le flanc droit des marches. Cela a pour objectif de laisser le flanc gauche libre pour ceux qui ont le feu aux fesses et qui ne souhaitent pas profiter des pubs répétitives qui jonchent les parois couvertes d’acier de l’Underground. Alors imagine le scandale si tu avais l’audace de rester du côté gauche pour t’émoustiller devant les affiches des comédies musicales du West End… un destin similaire au premier point t’attend. D’un coup, «Mind The Gap» prend tout son sens.

Être un «noob» de l’Oyster Card

L’Oyster Card c’est la carte magnétique qui te permet de voyager à bord des bus et du métro londonien. Dans chacune des stations, des automates sont mis à disposition des voyageurs afin que ceux-ci puissent facilement et rapidement recharger leur crédit. Ha ha! Ça c’est juste en théorie…
Le touriste moyen n’est pas doué avec l’électronique. Sans parler de son niveau d’anglais. Donc imagine les deux réunis… Quant à l’indulgence du Londonien, qui poireaute dans la file depuis bientôt dix minutes, elle a ses limites. Une erreur peut passer. Une seconde le pousserait dans ses derniers retranchements. Mais choisi une putain d’option au lieu de regarder le plafond comme un benêt. A bout, il y a de grandes chances pour qu’il t’aide juste avant que t’en commettes une troisième avec son visage communicateur sous-entendant que tu n’es, en fait, qu’un sympathique gros con. How charming!

Dire du mal de Londres

Fier, le Londonien ne permet pas que quelqu’un de l’extérieur critique Londres. Par contre, lui, le fait allègrement. Lui seul a le droit. Pas besoin de lui rappeler le prix exorbitant de l’immobilier que seuls les pétrodollars peuvent payer, l’incompétence du maire Boris Johnson, les constantes maintenances du métro et les multiples accidents impliquant des cyclistes. Londres, tu l’aimes ou tu la quittes, mais bonne chance pour trouver un équivalent à la boite/amphithéâtre Koko, à Borough Market ou encore à O’Neill’s dans ton patelin où l’air est pur. Si pur que lorsque tu te mouches, ta morve n’est pas noire de pollution comme à Londres.

Pourvu qu’aucun Londonien ne tombe sur cet article. Mais bon, je me sens presque comme l’un d’eux. Suisse sur les papiers, mais Londonien de coeur. Donc j’ai le droit, un peu, de dire du mal de Londres. Et puis mes critiques sont plus cosmétiques qu’autre chose. Comme la femme parfaite, l’endroit parfait n’existe pas.

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6 façons de rendre fou le Londonien moyen

par Jessy Caiado Durée de lecture: 5 min
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