
Canyon de Colca: entre Sangalle et Cabanaconde
Méconnu du grand public, le canyon de Colca et ses précipices hauts de plus de 3400 m, est significativement plus profond que son rival nord-américain, le Grand Canyon. Histoire d’en savoir un peu plus sur cette merveille de la nature située au cœur des Andes péruviennes, je te propose de me suivre dans un petit trek raconté et imagé entre le village de Cabanaconde (3287 m) et l’oasis de Sangalle (2100 m).
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Les immanquables du canyon de Colca
- Le village de Chivay et ses bains thermaux La Calera
- Les petits villages typiques voisins de Coporaque, Yanque et Maca
- Le Mirador Cruz del Cóndor pour y observer les condors en tout début de matinée
- Cabanaconde, d’où partent la majorité des treks
Quelles options de treks?
Le plus connu, celui que j’ai fait, de Cabanaconde et Sangalle est aussi le plus court. Attention, je n’ai pas dit le plus simple. J’y reviens tout bientôt. Mis à part cette infime portion de sentier du vaste réseau qui gravite autour de Cabanaconde, de nombreuses autres options de treks sont disponibles. Vu que je n’ai malheureusement pas eu (pas pris!) le temps de les explorer, je vous recommande cette page (en anglais) composée par Ludwig, le propriétaire de l’auberge de jeunesse Pachamama Home dans laquelle j’ai passé une nuit à Cabanaconde.
Le canyon de Colca, avec ou sans guide?
Contrairement à de nombreux treks au Pérou, les sentiers bien balisés du canyon de Colca permettent aux touristes de découvrir librement ses charmes sans avoir besoin du moindre guide. Seules nécessités : être en possession d’un boleto turístico (70 soles, à acheter à l’entrée de Chivay, entre autres) et d’une bonne carte de la zone avant de se lancer dans cette expédition. Celle ci-dessus devrait suffire.
De Cabanaconde à Sangalle…
Parti à 6h du matin de Chivay, j’arrivais à Cabanaconde une heure et demi plus tard après un arrêt furtif au Mirador Cruz del Cóndor où aucun rapace n’a souhaité se présenter devant l’objectif de mon reflex. Pas de chance, mais l’endroit vaut tout de même le coup d’œil!
A Cabanaconde, après avoir déposé mon sac à l’auberge de jeunesse où j’avais prévu de dormir le lendemain, j’enchainais immédiatement avec la descente du canyon de Colca, quelques minutes avant 9h. Le soleil tapait déjà modérément, et très vite je me rendis compte que j’aurais dû me lever une heure plus tôt.
Les premières 15 minutes sont plates, et là où la pente finit par se présenter, un agent se charge de contrôler ton boleto turístico. Passé ce checkpoint, la beauté et l’immensité des versants arides qui jaillissent de part et d’autre du canyon impressionne. L’arrêt prolongé est obligatoire. C’est de là, tout en haut, que la vue sur le canyon de Colca est la plus belle. Après quelques déclenchements interrompus par des «wow» d’admiration, je décide de repartir d’un pas vif. Le soleil tape. Et bien que je ne sois pas du genre à souffrir du chaud – il ne faisait pas plus de 25 degrés de toute façon – je craignais tout de même l’insolation. Enduit de crème solaire, mais sans casquette ni lunettes, je pouvais, sur ma peau, mon cuir chevelu et sous mes pieds, sentir la puissante réverbération du soleil sur le sol caillouteux où cactus et reptiles se pavanaient en toute allégresse.
Sur les coups de 10h-10h30 alors que j’étais plus ou moins à mi-parcours, les rayons du soleil, qui, en plus d’utiliser l’inhospitalité des lieux pour m’atteindre, exploitaient maintenant les gouttelettes de sueurs largement présentes sur mon visage. Au niveau des cuisses et des genoux, RAS, rien de plus qu’une petite promenade sur un chemin jonché de pierres au bord d’un précipice. Les presque trois heures de descente (2h20 pour moi) ne manqueront sans doute pas d’endolorir légèrement les articulations des moins sportifs.
Comme dans les contes des Mille et Une Nuits, l’oasis semblait visuellement plus proche qu’il ne l’était en réalité et, tout au long du parcours, il fut plutôt difficile d’estimer le temps qu’il me restait à marcher avant de pouvoir ôter mes godasses et piquer une tête dans l’une des piscines de l’oasis.
Une fois en bas, vers 11h20, j’avais un peu mal à la tête. Ça n’a pas duré longtemps. J’avais juste besoin d’ombre. Il était clair, demain, la remontée se ferait aux aurores, de 6 à 9h du matin.
En bas justement, dans l’oasis, l’endroit n’était pas aussi cliquant qu’il paraissait d’en haut. Les bungalows étaient très sommaires, trop pour le prix (60 soles, 20 dollars). L’un des quatre murs était formé de bambous entre lesquels l’on pouvait nous voir depuis l’extérieur. Il en était de même pour l’unique toilette et les deux douches. Intimité zéro. Je parle là de l’établissement Paraiso Las Palmeras Lodge. La piscine était propre, au moins. Mais la surprise fut encore plus grande lorsque nous découvrîmes, sur la note, juste avant de quitter les lieux, la taxe piscine de 5 soles par personne. A cela s’ajoute la bouteille d’eau à 10 soles (2 en supermarché, 4 en ville) et le repas à 15 soles constitué de lentilles, riz et pommes de terre. Aucune autre alternative possible. Je suis donc remonté sans bouteille d’eau. Si j’avais su, je serais remonté le jour même, malgré le soleil.
Le lendemain matin, la sonnerie insipide de mon iPhone venait, à 5h, briser le paisible silence qui engorgeait le fond du canyon. Heureux de quitter ce bungalow, mais pas l’oasis, je me levais rapidement, déjà prêt et excité à l’idée de m’attaquer à l’ascension du canyon de Colca. C’est quand même un beau challenge 1100 m de dénivelé sans eau… Heureusement, je suis un vrai chameau et le thé du petit-déj’ s’avérera amplement suffisant.
C’est le matin, très tôt, de 5 à 7h, que le canyon de Colca est le plus beau. La sensation agréable de se réveiller dans un lieu unique comme celui-ci vint immédiatement gommer les regrets de la veille après la découverte du «lodge» et de ses «services».
L’ascension, bien que physiquement plus difficile que la descente, fut plus agréable du fait de l’absence de soleil sur le versant sud jusqu’à environ 8h30. Le sentier était de ce fait, sans surprise, bien plus encombré que lors de ma descente tardive… je dois avoir croisé une bonne vingtaine de personnes, dont la moitié en mule. Par curiosité j’ai demandé le prix d’une remontée express sur le dos de l’animal-esclave : 40 soles.
Les deux premières heures passèrent «comme une lettre à la poste», la dernière fut légèrement plus difficile mentalement. Physiquement, tout allait bien. Ma bouche était un peu sèche, mais rien de bien méchant. J’en avais juste marre. J’avais ma dose du canyon de Colca, j’avais vu ce qu’il y avait à voir, j’avais envie d’une douche et d’un copieux petit-déj’. Il faut savoir que je n’avais pas mangé la veille au soir et relativement peu à midi. Et puis ma partenaire souffrait physiquement, ce qui ralentissait sensiblement la remontée, et donc, ma quête du Graal. J’aurais volontiers couru jusqu’en haut.
Après 3h05 d’ascension, je retrouvais enfin les champs de Cabanaconde. J’étais fier de pouvoir maintenant inscrire l’ascension de l’un des canyons les plus profonds au monde à mon maigre palmarès de trekker amateur. Et là, alors que mes yeux enregistraient leurs dernières prises de vue, j’eus de la pitié et, il est vrai, un peu de mépris, pour ces gens qui, plus tôt, décidèrent de remonter le canyon à dos de mule. Les pauvres ne connaitront jamais cette fierté qui m’a envahi durant une paire de secondes. Une vraie récompense, immatérielle, fugace, qui, j’ose le croire, ne peut revenir qu’aux plus nobles, ceux qui refusent la facilité et l’exploitation animale.
Comment se rendre au canyon de Colca?
Le petit village de Chivay, «porte d’entrée» principale pour les touristes désirant visiter le canyon de Colca et ses environs, est un passage quasiment obligatoire. Certains prendront le temps d’y passer un jour, voire même une nuit (pas nécessaire, selon moi), alors que d’autres enchaineront tout de suite avec les une à deux heures de route (dépend du moyen de transport) qui séparent Chivay et Cabanaconde.
Depuis Cusco
En bus
La compagnie de bus touristiques 4M Express a, depuis peu (mars 2015), mis en place un service pour relier Cusco à Chivay. Le trajet long de 10h te coûtera la coquette somme de 65 dollars. Démesuré à mon sens. Néanmoins, puisque c’est un service touristique, celui-ci s’arrêtera a divers endroits tout au long du voyage histoire de laisser les passagers prendre quelques photos.
En colectivo (mini-van)
Bien moins cher mais un peu plus délicat à mettre en place. Pour rappel, le colectivo est un mini-van de 10-12 places principalement utilisé par les locaux. Pas de réservation possible, on paie au chauffeur, et celui-ci ne part qu’une fois le véhicule plein. En empruntant la même route que 4M, il est possible de trouver des colectivos qui relient Cusco à Espinar (demande à ton hôtel/auberge de quel endroit de Cusco ils partent). A Espinar il faudra alors trouver un autre van pour l’ultime portion de route vers Chivay.
Depuis Puno
En bus
Là encore, c’est 4M qui régale, pour 50 dollars (augmentation de 5 dollars depuis janvier) et 5h45 de trajet. J’ai personnellement utilisé ce service pour me rendre à Chivay depuis Puno. Certes plus confortable qu’un colectivo, le prix reste surfait pour le Pérou. En ce qui concerne l’aspect touristique du voyage, les paysages entre Puno et Chivay sont somptueux. Seul bémol, le guide employé par 4M n’avait pas une once de pertinence et son anglais était aussi bon que mon chinois. Sans parler de la demi-heure de retard. A mon humble avis, ça ne vaut que la moitié du prix, pour l’essence, la clim’, et le bon petit sandwich qu’on nous distribue vers 11h.
En colectivo
Depuis Puno, prendre un colectivo pour Arequipa (via Juliaca) en spécifiant au chauffeur que tu souhaites descendre à Cañahuas, village à la croisée des deux routes pour Arequipa et Chivay. De là, il faudra attendre patiemment un autre moyen de transport venant d’Arequipa en direction de Chivay – peut-être quelques heures au vu de l’aspect désertique de l’endroit. Sur internet, une personne dit avoir payé 21 soles (environ 7 dollars) pour le tout. 7 à 8 fois moins cher! J’aurais aimé le savoir avant de choisir 4M…
Depuis Arequipa
En mini-van privé via un tour organisé
Depuis Arequipa, les options pour se rendre au canyon de Colca sont nombreuses. Prendre une excursion tout inclus avec guide qui inclura ainsi le transport en mini-van privé (sans locaux), est relativement répandu. Néanmoins, ce sera plus cher (entre 90 et 130 dollars par personne pour le 3 jours/2 nuits) et ton exploration sera conditionnée. A toi de voir.
En bus
Pour ce trajet, 4M doit faire face à une rude concurrence. Leur service à 35 dollars me semble, là encore, beaucoup trop cher. Privilégie donc Reyna et Andalucia qui sont les deux compagnies locales principales opérant sur la route Arequipa-Chivay avec trois services journaliers dans un sens et dans l’autre. Il faut compter environ 12 soles (4 dollars) pour ce trajet. C’est le grand écart. Ces mêmes bus continuent ensuite sur Cabanaconde (5 soles supplémentaires)
En colectivo
J’ai choisi cette option après un trajet mouvementé entre Cabanaconde et Chivay (voir paragraphe «Ce que j’ai moins aimé) avec la compagnie Reyna. Le voyage s’est très bien passé et nous avons dépassé tous les bus, bouclant ainsi la distance entre Chivay et Arequipa en 2h45… soit 30 minutes de moins que les bus. La grande classe. Au niveau du prix, je ne me souviens plus exactement mais on tourne autour des 15 soles (4,5 dollars). La meilleure option si tu supportes la musique folklorique péruvienne. 😀
Trajet de Chivay à Cabanaconde
En taxi
Il est possible de rejoindre les deux villages en un peu moins d’une heure contre une somme de 100-120 soles (30-35 dollars) depuis le terminal de Chivay. A ce prix, il est possible de négocier un arrêt de 15-20 minutes au Mirador Cruz del Cóndor. Pour des arrêts supplémentaires, le prix augmentera logiquement.
En bus
Reyna et Andalucia (ainsi que Milagros que certains déconseillent) te permettent de faire le trajet entre Chivay et Cabanaconde en deux bonnes heures (ils s’arrêtent dans chaque village) pour la somme de 5 soles (1,5 dollars). La route étant en mauvais état sur certaines portions, le trajet peut être un chouïa mouvementé.
En colectivo
Apparemment, seuls des mini-van privés (tours organisés) font ce trajet. Il est toujours possible de tenter de glisser un billet au chauffeur s’il s’avère que son mini-van n’est pas plein. Money talks.
J’espère vivement que cet article t’aidera dans tes recherches et te donnera l’envie de découvrir les magnifiques paysages andins, montagneux et arides à la fois, du canyon de Colca, l’un des canyons les plus profonds au monde!
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