
Bilan de mon voyage de deux semaines à Cuba
Deux semaines à Cuba, sans doute trop peu pour tirer un bilan un tantinet objectif. Et puis Cuba est un pays complexe… du moins un peu plus que les autres, je crois. Cuba me fascinait, me fascine toujours, mais de manière différente maintenant. Y retournerai-je? Je ne suis pas sûr. En attendant, c’est l’heure du bilan.
Si j’y retournais, ce serait sans doute pour découvrir l’est de l’île et ses Santiago de Cuba, Guantánamo et autres Baracoa, avant de m’échouer feliz de la vida sur l’une des plages de la province d’Holguín. Et puis SURTOUT, ça me permettrait d’écrire un second bilan!!!

En route vers le bilan!
En grand adepte du slow travel (à lire : «De l’importance de prendre son temps en voyage»), en deux semaines, je n’ai visité «que» La Havane, Varadero, Trinidad, le parc naturel Topes de Collantes, et Cienfuegos. Même pas la populaire Viñales, car celle-ci était prévue pour une troisième semaine que j’ai dû annuler pour motifs personnels.
Quels motifs?! On se tutoie ok, mais faut pas abuser, je vais pas tout te révéler quand même! Bon, comme j’aime bien comment tes yeux me lisent (ça c’est du compliment 3.0), en guise de consolation, je partage en exclusivité mon plus grand secret : oui, j’ai déjà fait pipi dans une piscine. Tu te moques? Va donc lire «Ces 22 secrets inavouables de voyageurs». Enfin… après avoir lu ce qui suit :
Mes tops
La Havane, Trinidad et Topes de Collantes
Ces trois endroits m’ont vraiment marqués pour des raisons bien distinctes. La Havane, pour son histoire politique. C’est la capitale, là où siège le pouvoir communiste. Là où Martí, Batista et Castro, chacun leur tour, ont exposé leur vision du monde et de la vie au peuple cubain. Et puis c’est une ville où il fait bon vivre… comme touriste.

La Havane
Trinidad, elle aussi, est chargée d’histoire. Un autre type d’histoire… le patrimoine, l’architecture, l’art. Célèbre pour son centre historique à l’architecture coloniale inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1988, Trinidad est sans doute la ville la plus charmante de Cuba. Ville, mais avec juste 52 000 habitants et ses rues pavées, Trinidad s’apparente plutôt à un grand village.
Enfin, Topes de Collantes, pour l’aspect nature… l’histoire de notre planète. Entre vaste végétation et piscines naturelles aux eaux claires bordées de cascades et de rochers, ce parc naturel du massif d’Escambray, réputé pour son très bon café, vaut le détour.

Trinidad
Les casas particulares
Cuba est unique… Et cela se ressent jusqu’à l’hébergement où les options sont relativement limitées. Le touriste a le choix entre hôtel de luxe et casa particular, rien d’autre (hormis 2-3 exceptions qui ne valent apparemment pas la peine). Une casa particular, c’est une maison dans laquelle vit une famille cubaine et qui loue 1, 2, 3 chambres aux touristes en l’échange de 15 à 40 CUC (1 CUC = 1$), petit-déj (souvent copieux) inclus.
En d’autres termes, tu loges chez l’habitant. Et ça, c’est juste l’idéal pour te fondre dans la culture et les coutumes d’un pays. En plus, de ce que j’ai lu et entendu, les hôtels de luxe à Cuba n’ont de luxe que le prix… draps douteux, portes qui grincent et cafards sont monnaie courante. Cela devrait néanmoins s’améliorer au fil du temps avec la récente normalisation des relations avec les Etats-Unis.
Mais si je suis plutôt habitué aux auberges de jeunesse, aux hôtels dits de «milieu de gamme» et aux Airbnb’s «logement entier», pour rien au monde j’échangerais mon expérience au sein de ces familles cubaines. J’avais quelques a priori au début, je dois l’avouer. Les questions classiques que tout individu normalement constitué se pose (je crois) lorsque quelque chose de nouveau, d’inconnu se présente à lui.
Mais au final, l’expérience a été tellement enrichissante que l’une des raisons pour lesquelles je pourrais retourner à Cuba serait pour visiter Maura et sa famille à La Havane, chez qui j’ai passé quatre nuits, dont le passage à la nouvelle année.

Chez Casa Maura, La Havane.
Enrichissante, car, avec eux, j’ai pu discuter ouvertement de tant de thèmes qui m’intéressent mais qui ne sont pas traités par les grands médias internationaux, ou du moins orientés selon le dictat de ceux au pouvoir. Enrichissante, car ça m’a rappelé que c’est dans les choses simples de la vie qu’on trouve le plus de bonheur. Enrichissante, car j’ai pu rencontrer d’autres touristes, dont Julio et Marta, un couple de retraités argentins qui sont une représentation en chair et en os de «la joie de vivre». On a tellement discuté que j’ai déjà une chambre et une parrilla qui m’attendent le jour où je décide enfin de visiter Buenos Aires!
En bref, c’est entre les murs de Casa Maura, située dans la vieille Havane, à quelques pas du Malecón et du parc central, que résident mes meilleurs souvenirs de Cuba.
Les familles chez qui j’ai logé à Trinidad (Buri y Nesti) et Cienfuegos (Leticia y Oscar) ont également été super accueillantes, mais à un niveau légèrement inférieur à celle de Maura. Outre les ondes positives dégagées par ces familles, confort et propreté étaient au rendez-vous.
C’est pourquoi je les recommande tous! Ce ne sont pas les plus économiques, c’est vrai, mais pour 5-10 CUC de plus, je te garantie de supers moments!
Nouvel An à La Havane
Non, je n’en ai pas fini avec Casa Maura! Comme je te le disais plus haut, j’ai passé Nouvel An à La Havane. Avant de partir, c’est un sujet que j’ai googlisé 3-4 fois car je ne savais vraiment pas à quoi m’attendre.
En fait, jusqu’à l’heure H je ne savais pas vraiment ce qui allait se passer. Mais dès mon arrivée le soir du 30 décembre, Maura m’expliqua qu’elle avait pour coutume d’inviter tous ses hôtes à se joindre à sa famille pour un copieux repas et marquer ainsi le passage à la nouvelle année de la plus belle des manières avec le bidon bien rempli de cochon de lait et de congri. Ah et de légumes, bien sûr.
C’est ce que j’avais lu sur internet. Les touristes dans les hôtels de luxe passent le cap entre eux (bouhhh!), tandis que les touristes en casas particulares, partagent la soirée avec leur famille cubaine. Mais j’en savais pas plus.
Le lendemain j’apprenais que Maura ne demandait pas un centime à ses invités pour la nourriture (!) et que des touristes d’autres casas, un couple de Colombiens, allaient se joindre à nous pour l’occasion… En fait, ils venaient pour la deuxième fois à Cuba, et n’avaient cette fois-ci pas pu loger chez Maura, déjà complète pour cette fin d’année. Mais Maura tenait à ce qu’ils passent à 2016 chez elle!
C’est donc assis à une grande table composée de représentants de Cuba, d’Argentine, du Brésil, de Colombie, de France, du Pérou,… et de la Suisse of course, que j’attendais tranquillement, heureux et satisfait, 2016.

Nouvel An à La Havane, chez Casa Maura.
La nourriture était délicieuse, les mojitos bien chargés, et les rires, abondants. Une excellente soirée dont je me souviendrai longtemps.
Et puis savais-tu qu’à Cuba, à minuit, ils célèbrent la révolution du 1er janvier 1959? Ils s’en fichent pas mal de la nouvelle année!
Les plages
Confucius a dit «Une image vaut mille mots». En voici deux, parce que j’ai franchement la flemme d’en écrire 2000, de mots :

L’une des plages peu touristiques de Varadero. Paradisiaque.

Heure de pointe sur cette plage presque privée de Varadero.
Confucius avait raison, n’est-ce pas? Et toi, t’as sûrement autre chose à faire que de me lire décrivant comment les grains de sable blanc d’une plage de Varadero me caressaient les orteils.
La ropa vieja
La ropa vieja est l’un des plats typiques de Cuba. Datant du Moyen Âge et inventé par les Séfarades du sud de la péninsule ibérique et des Iles Canaries, ce plat à base de viande de bœuf mijotée dans un jus de tomate, poivrons, ail et oignons, entre autres, se traduit par «vieux vêtements» en français. Ce nom vient tout simplement de la manière dont la viande est coupée avant d’être cuisinée, en très fines lamelles, comme de vieux habits usés jusqu’à la corde.

Pas très appétissant à première vue, mais les apparences sont souvent trompeuses…
Et accompagné de son traditionnel congri (servi presque à tous les repas à Cuba), c’est un délice.
Deux bonnes adresses où déguster la ropa vieja à Cuba :
Habana 61 à La Havane, Restaurante San José à Trinidad.
Mes semi-tops (le verre à moitié plein!)
Varadero
Les plages de Varadero sont magnifiques. Surtout en réservant une casa particular loin des plages bondées en face des hôtels de luxe. Mais Varadero s’arrête à ça… les plages. Le farniente est l’unique source de plaisir de ce lieu sans âme destiné au tourisme de masse, mais incapable d’y faire réellement face. On est très loin des Punta Cana et autres Cancún en terme d’infrastructures.
Si la situation géographique de ma casa particular était idéal, ses propriétaires était d’une froideur… seuls les 40 CUC de ma chambre face à la mer semblaient les intéresser. En comparaison avec les familles de La Havane, Trinidad et Cienfuegos chez qui j’avais pu loger, j’avais l’impression d’avoir changé de pays, de continent.
Et de ce qu’on m’a dit, c’est malheureusement une attitude que beaucoup de propriétaires de casas de Varadero ont envers leurs hôtes…
Mais si la météo avait été un chouïa plus clémente, je ne m’en serais sans doute pas trop plaint. Après tout, l’unique but de mon arrêt à Varadero était de m’échouer sur la plage pour y faire rôtir ma carcasse. Mais avec trois jours de pluie sur quatre (yay!), mes journées se résumaient à des siestes devant les chaînes télé du gouvernement cubain et une chaîne de sport vénézuélienne.
De temps en temps je sortais pour boire une bière ou marchais 2.5 km sous la pluie (5 km aller-retour) pour me connecter à internet et transmettre ma détresse au Vieux Continent.
Là normalement t’as pitié de moi et tu me demandes mon adresse Paypal pour faire un don. Contacte-moi.

La plage de Varadero mais sans le soleil.
Et niveau restos et bars, tout est plus cher et moins bon qu’ailleurs à Cuba… vive Varadero!
Internet
Avant de m’envoler vers Cuba, j’avais prévenu mes proches que les communications seraient très limitées, voire inexistantes. J’étais préparé, je savais que je n’allais pas pouvoir emporter mon côté le plus geek dans mon sac à dos. Pas plus mal, il pèse pas mal celui-là!

Oui, c’est comme ça qu’on se connecte au wifi à Cuba.
Mais bon, apparemment ce côté là a contaminé l’autre, le plus décent des deux, et l’une des premières questions posées en arrivant dans chacune de mes casas fut «Et sinon, il est où le wifi?». En fait, chaque ville a son point wifi, La Havane en a même plusieurs, et les casas commencent tout juste à pouvoir installer des connections privées pour leurs hôtes. Bon, ça leur coûtera quelque chose comme 250$ par mois, soit une douzaine de salaires cubains.
Comme je te le disais, il est maintenant possible et relativement facile – en théorie – de se connecter à internet à Cuba. Il faut d’abord acheter une carte internet ETECSA à 2 CUC (valable pour 1h de connection), et ensuite localiser le point wifi le plus proche.
Sauf que… quand c’est pas la connection qui est mauvaise, c’est le système ne te laisse pas te déconnecter et qui te fait perdre tes minutes, ou encore, comme ce fut le cas pour moi à Trinidad, ETECSA n’arrive pas à faire face à la demande de cartes et te dit de revenir le lendemain.
Oui, à Cuba, en plus de la pénurie de chambres en casas particulares, et de poisson dans les restaurants dès 13h (juré!), le touriste doit aussi faire face à la pénurie de cartes internet. Cuba n’est clairement pas prête à l’arrivée massive de touristes!
La plupart du temps, il est aussi nécessaire de faire la queue au moins 20 minutes pour pouvoir acheter ce Saint-Graal. Donc un conseil… achète-en quatre à la fois (la limite par personne par transaction).
Autre conseil : n’achète pas ta carte internet dans les hôtels de luxe, ces salauds la vende à 4.50 CUC et le wifi est encore pire! Testé à l’Hotel Parque Central de La Havane!
Où se connecter à internet à Cuba :
La Havane : Hotel Parque Central; Salle d’embarquement de l’Aéroport José Martí
Varadero : A l’angle de la Calle 44 et l’Autopista Sur
Trinidad : Plaza Carillo
Cienfuegos : Plaza de Armas
Mes flops
Cienfuegos
J’avais décidé d’y passer trois jours, un seul aurait été amplement suffisant tant il n’y a pas grand chose à faire n’y à voir à Cienfuegos.

Le «boulevard» de Cienfuegos, l’un des rares lieux d’intérêts de cette ville.
Même mon excursion à Playa Girón, la plage que la CIA avait choisi en 1961 pour son fameux débarquement de la baie des Cochons, ne m’a pas spécialement emballée… Un musée qui tombe en lambeaux et une plage affreuse, une demi-journée de perdue.
Heureusement, Leticia et Oscar, les propriétaires de ma casa particular étaient supers!
Les commerces et leurs employés de l’Etat
A Cuba, tous les commerces, à l’exception des casas particulares – qui paient tout de même une très forte taxe au régime – sont régis par le gouvernement.
Les chauffeurs de taxis ont eux aussi le droit à une certaine indépendance. D’ailleurs, j’ai pris trois fois le taxi à Cuba, et à deux reprises, j’ai eu le droit à un médecin au volant. Payés une misère, nombre d’entre-eux se réduisent à transporter les touristes. Un comble pour un pays justement réputé pour ses docteurs.
Il fait tout de même bon rappeler que c’est une équipe de médecins cubains qui a neutralisé Ebola! Tant de potentiel gâché…
Mais revenons à nos fonctionnaires de l’Etat, qu’on retrouve finalement un peu partout. Au restaurant, à la taverne du coin, au supermarché… Qui dit fonctionnaire dans un pays communiste dit sécurité de l’emploi en béton armé. C’est super pour eux (quoique!), mais beaucoup moins pour le touriste à qui l’on prodigue tout juste le service minimum.
J’en ai quitté des restaurants parce qu’on ne m’avait toujours pas apporté la carte après 15 minutes d’attente et plusieurs interpellations du serveur. Une fois j’ai même dû menacer de ne pas payer pour qu’on m’apporte enfin l’addition… J’en ai dit des Buenos días et Buenas tardes, sans rien recevoir en retour. Au supermarché, des caissières qui finissent de se limer les ongles ou qui sont en pleine conversation téléphonique alors que je souhaite payer… et j’en oublie sûrement 2-3.
Bref, difficile pour moi, peu patient, de garder mon sang froid devant tant de traîne-pattes. Et pourtant j’étais déjà pré-rôdé avec la Colombie, le Brésil et le Pérou.
Ah et attends, j’ai gardé le meilleur pour la fin.
Viazul
Viazul c’est la compagnie de bus qui dessert les villes principales de l’île. Elle est la plus connue et la plus utilisée par les touristes qui ne visitent pas Cuba en tout inclus.
Avant mon départ j’avais lu de nombreux commentaires positifs au sujet de cette compagnie. Bus climatisés, modernes, aux normes internationales. Je pensais réellement que mes voyages d’une ville à l’autre allaient être super confortables.
Etant donné que janvier c’est haute saison, j’avais réservé tous mes billets à l’avance sur internet pour être sûr d’avoir un siège assigné. J’en ai d’ailleurs fait de même avec les casas particulares, et j’ai très bien fait, sinon j’aurais dormi dehors ou dans une chambre improvisé.
Pour faire court, mon bus de La Havane à Varadero n’est jamais arrivé après avoir attendu 2h30 au terminal. Aucun employé de Viazul n’a daigné de se préoccuper des touristes et j’ai dû rejoindre ma destination à bord d’un taxi colectivo totalement improvisé avec d’autres touristes.

Le terminal Viazul à La Havane après environ 1h30 d’attente.
Ensuite, de Varadero à Trinidad, trajet qui se fait en 4h en voiture (appris par la suite), a duré 7h30 (au lieu des 6h30 annoncés sur le billet). Simplement, parce que les chauffeurs s’arrêtaient continuellement pour acheter à boire et à manger, pour saluer des amis ou pour «ramasser» des locaux le long de la route tout en leur demandant quelques pesos en échange, sans que l’entreprise Viazul ne voit la couleur de cet argent.
Face à cette situation, j’ai annulé tous mes futurs billets et demandé le remboursement de l’intégralité de mes billets. J’ai heureusement obtenu gain de cause, sauf pour le Varadero-Trinidad.
La suite du voyage, je l’ai faite en taxi colectivo. Ça m’a coûté le double, mais c’était bien plus fun!
Mais si toutes ces péripéties liées au transport ne sont pas pour toi, alors je te recommande le tout-inclus ou encore une croisière abcroisiere! Quelques agences proposent des offres de voyages originales à Cuba. Ça coutera un peu plus cher, mais tu pourras vivre tout ce que j’ai vécu à La Havane, sans les inconvénients.
Aussi, chose très importante, n’oubliez pas votre visa pour Cuba! Vous pouvez faire votre demande en ligne et recevez votre carte d’entrée par la poste pour faciliter un peu le processus laborieux de devoir remplir un horrible formulaire papier.

A bord d’un taxi colectivo.
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